9ème Congrès panafricain: « le panafricanisme plonge ses racines dans les luttes contre l’esclavage et la colonisation » Robert Dussey

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Le 9ème Congrès panafricain officiellement lancé à Lomé ce 8 décembre 2025. Durant cinq jours, près d’un millier de participants venus d’Afrique, d’Amérique, d’Europe et d’Asie se penchent sur les défis du continent et sur les voies d’un renouveau panafricain.

Le président du conseil, Faure Gnassingbé a présidé la cérémonie inaugurale, marquée par la présence remarquée de Francia Elena Márquez Mina, vice-présidente de la Colombie, pays invité d’honneur.

Érigée en capitale des idées et des convergences africaines, Lomé s’inscrit désormais dans la lignée des villes symboliques du mouvement panafricain, de Manchester à Kampala. Le thème de cette édition, en résonance avec les bouleversements du monde, invite l’Afrique à mobiliser ses propres forces et à redéfinir sa place dans un environnement international en mutation.

Dans un discours empreint de profondeur, le ministre togolais des Affaires étrangères, Robert Dussey, a rappelé que le panafricanisme plonge ses racines dans les luttes contre l’esclavage et la colonisation. Selon lui, ce projet n’est ni une nostalgie ni une expansion du nationalisme, mais un horizon d’humanité réconciliée et de dignité retrouvée. Il a souligné la vocation de Lomé comme terre de médiation, appelant les participants à inscrire leurs travaux dans la continuité historique du panafricanisme.

Au nom de la Commission de l’Union africaine, l’ambassadeur Amr Aljowaily a dressé un bilan sans complaisance. Malgré les acquis hérités des figures emblématiques telles que Nkrumah, Sékou Touré ou Nyerere, l’Afrique demeure en quête de pleine souveraineté politique. Il a dénoncé la faible présence du continent dans les instances décisionnelles mondiales, citant notamment l’absence d’un siège permanent africain au Conseil de sécurité des Nations unies. Une situation paradoxale pour un espace rassemblant 1,4 milliard d’habitants.

Le diplomate a également évoqué les reconfigurations géopolitiques en cours – notamment l’ascension des BRICS et les initiatives régionales comme l’Alliance des États du Sahel – qui obligent l’Afrique à s’affirmer davantage dans les nouveaux rapports de force internationaux.

Dans son allocution d’ouverture, le président Faure Gnassingbé a apporté une lecture stratégique des défis actuels. Pour lui, le panafricanisme n’est plus un idéal abstrait mais un impératif de survie et une voie de souveraineté collective. Aucun État africain, a-t-il insisté, ne pourra relever seul les défis du siècle. D’où la nécessité d’un panafricanisme opérationnel, capable de porter des solutions concrètes.

Il a également plaidé pour une réforme profonde des institutions multilatérales. Le continent, par son poids démographique et sa contribution aux équilibres mondiaux, doit occuper une place centrale dans les décisions qui engagent son avenir. Cette revendication inclut une présence accrue dans toutes les organisations internationales.

Le chef de l’État a esquissé les contours d’un panafricanisme rénové : meilleure mobilisation des ressources internes, valorisation de la diaspora, intégration des Afrodescendants, revalorisation des savoirs traditionnels et surtout reconquête du récit africain. « La souveraineté commence par notre capacité à raconter notre propre histoire », a-t-il affirmé.

Au cours de la semaine, les échanges porteront sur une trentaine de thématiques majeures : multilatéralisme, leadership féminin, santé publique, restitution du patrimoine, sécurité alimentaire, réparations historiques, ou encore décolonisation des savoirs. Ces débats s’inscrivent dans la Décennie 2021-2031 des racines africaines et de la diaspora, initiative de l’Union africaine pour renforcer les liens entre peuples d’Afrique et communautés afrodescendantes.

Les recommandations issues du Congrès devraient inspirer les politiques publiques africaines et contribuer à repositionner le continent sur la scène internationale. Alors que les équilibres mondiaux se recomposent, l’Afrique entend ne plus être un simple objet des décisions globales, mais un acteur majeur de son destin.

Pour quelques jours, Lomé se transforme ainsi en agora d’un rêve partagé : celui d’une Afrique consciente de sa force, maîtresse de son histoire et résolument tournée vers un avenir qu’elle choisit d’écrire elle-même.

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