Les réseaux de la société civile africaine ont rencontré à la 30è Conférence des Parties sur le climat (COP30), le ministre togolais de l’Environnement, des Ressources Forestières, de la Protection Côtière et du Changement Climatique, le Professeur Dodzi Kokoroko, au pavillon du Togo.
Cette rencontre stratégique, initiée par l’ONG Jeunes Volontaires pour l’Environnement (JVE), avait pour objectif de présenter les positions communes des organisations africaines et de solliciter l’appui du gouvernement togolais dans les discussions internationales sur le climat.
Autour du ministre, les représentants du Climate Action Network (CAN) Africa, de l’Alliance pour la Souveraineté Alimentaire en Afrique (AFSA), du Réseau Climate Development (RCD), de la Caravane Africaine pour la Justice Climatique (ACJC), de l’African Biodiversity Network (ABN), de CARE International et d’autres plateformes, ont défendu une vision commune : celle d’une Afrique actrice de sa propre transition écologique, fondée sur la justice climatique, les savoirs endogènes et la résilience communautaire.
Pour le CAN Africa, la priorité reste le Mécanisme d’Action de Belém (BAM), appelé à devenir un véritable outil de justice climatique. Les organisations demandent que l’Afrique soit rémunérée à la hauteur de sa contribution et encouragent le ministre togolais à porter la voix du continent en faveur d’une sortie des énergies fossiles.
De son côté, Bridget Mugambe, coordonnatrice de l’AFSA, a insisté sur la place centrale de l’agroécologie dans les politiques africaines. Selon elle, cette approche représente « une chance pour le continent, à la fois pour renforcer sa résilience, réduire ses émissions et valoriser ses savoirs ancestraux ».
Elle a salué le leadership du Togo dans l’intégration de l’agroécologie dans ses Contributions Déterminées au niveau National (CDN), et invité le ministre à faire du CDN 3.0 un modèle de référence pour l’Afrique.
Le représentant de l’African Biodiversity Network (ABN), Fassil Gebreyehu, a pour sa part souligné l’importance de lier la conservation de la biodiversité à la protection des savoirs traditionnels. Il a sollicité l’appui du ministre pour renforcer la transition agroécologique dans la région du Grand Kloto, où l’ABN finance actuellement une étude sur les forêts et sites sacrés, considérés comme des piliers de la résilience communautaire.
Présent à la rencontre, le chef coutumier béninois Appollinaire Ousou Lio a rappelé que « les valeurs et les sites sacrés africains sont des alliés spirituels et culturels dans la lutte contre le changement climatique ».
Très attentif aux échanges, le Professeur Dodzi Kokoroko a salué « le travail de réflexion et de mobilisation de la société civile africaine » et a promis de relayer leurs messages auprès de ses homologues africains et internationaux.
Le ministre s’est engagé à porter la voix de la société civile dans les négociations pour une ambition climatique renforcée et un accès direct aux financements, notamment au Fonds pour les pertes et préjudices ; soutenir le Mécanisme d’Action de Belém (BAM) pour assurer une rémunération équitable de la contribution africaine à la transition mondiale ; promouvoir l’agroécologie et la préservation des savoirs locaux comme axes stratégiques du CDN 3.0 du Togo ; explorer un soutien gouvernemental au projet de transition agroécologique du Grand Kloto.
À l’issue de la rencontre, les organisations de la société civile ont remis au ministre trois documents de référence : le document de position conjoint des OSC africaines pour la COP30 (élaboré par CAN International), la déclaration de Nairobi et celle de la Caravane Africaine pour la Justice Climatique. Le ministre a accepté de les examiner pour une intégration dans la position nationale du Togo.
Cette rencontre, à la fois symbolique et constructive, marque une étape importante dans le renforcement du dialogue entre le Togo et la société civile africaine. Elle illustre la volonté commune de placer la justice climatique, les savoirs traditionnels et l’agroécologie au cœur de la réponse africaine à la crise climatique.
