La société togolaise reste foncièrement conservatrice en ce qui concerne l’homosexualité, une réalité renforcée par la rigueur de la loi en vigueur dans le pays.
Cette approche entraîne directement la stigmatisation, la discrimination, le mépris et des préjugés à l’encontre des personnes LGBT, contrastant nettement avec les droits humains que le pays prétend défendre.
De nombreux LGBT voient leurs orientations sexuelles suspectées par leur entourage, souvent confirmées par certains actes. Parmi ces incidents, on compte la débandade des personnes LGBT à la plage de Lomé le 3 avril 2022, où, à visage découvert, elles profitaient de la levée des restrictions liées à la COVID-19 pour s’amuser. Autre exemple, l’interpellation de Bobo Périta le 26 mai 2023 pour « outrage aux bonnes mœurs ». Ces deux événements ont été marqués par la reconnaissance et la désignation de personnes LGBT, parfois sous la pression et la torture.
Ces incidents ont exacerbé le calvaire de nombreux LGBT, dont certains ont disparu, laissant leurs familles sans nouvelles. Pour certaines organisations de défense des droits humains, il s’agit de disparitions forcées ou de lynchages populaires. Malgré diverses recherches dans les prisons du pays, aucune information n’a été obtenue.
Le cas de LACLE Agnité, l’un des LGBT impliqués dans l’incident de la plage du 3 avril 2022, relance le débat. Disparu fin 2023, son cas a été récemment mis en lumière par certains membres de son association, l’ASUD (Association pour la Solidarité Universelle et le Développement). Après l’incident de la plage, Agnité a dû déménager à cause des menaces et du mépris croissant de son entourage. Sa seule preuve de vie était son numéro de téléphone, désormais inaccessible, motivant des recherches infructueuses dans les prisons du pays. Son sort reste incertain : a-t-il quitté le pays, est-il en danger, ou pire encore ?
Selon une enquête d’Afrobaromètre publiée en 2016, 9 Togolais sur 10 rejettent l’homosexualité, indépendamment de leur milieu de résidence, genre, âge, niveau d’instruction ou religion. En juin 2021, face au Comité des droits de l’Homme des Nations Unies, le ministre togolais des droits de l’homme, Dr Christian Trimua, a réaffirmé que le pays ne reconnaîtra pas la communauté LGBT, soulignant que cette orientation sexuelle n’est pas en adéquation avec les valeurs sociales togolaises. La législation togolaise prévoit jusqu’à trois ans d’emprisonnement et une amende d’un à trois millions de francs CFA pour des actes homosexuels.
Lors de l’Examen périodique universel (EPU) de janvier 2022, il a été recommandé au Togo de dépénaliser l’homosexualité et de lutter contre les discriminations basées sur l’orientation sexuelle. Il est essentiel que la législation togolaise évolue pour offrir plus de flexibilité et de protection aux personnes LGBT, garantissant ainsi leurs droits fondamentaux.