Des milliers de partisans de l’opposition ont défilé pacifiquement, samedi matin, dans les rues d’Abidjan pour exprimer leur rejet de la candidature du président sortant, Alassane Ouattara, à un quatrième mandat.
Les manifestants réclament également la réintégration sur la liste électorale de plusieurs figures politiques écartées de la présidentielle prévue le 25 octobre.
Cette marche, organisée par le Front commun regroupant le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) et le Parti des peuples africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI), s’est principalement déroulée dans la commune de Yopougon. Les deux leaders de ces formations, Tidjane Thiam et Laurent Gbagbo, sont exclus de la course électorale par des décisions de justice : le premier pour des motifs liés à la nationalité, le second en raison d’une condamnation pénale.
Arborant des drapeaux ivoiriens et ceux de leurs partis, les manifestants scandaient : « Non au quatrième mandat ! » et « Oui à la candidature de Gbagbo et Thiam ! ». « C’est une mobilisation historique qui prouve que le peuple reste debout face à l’intransigeance », a affirmé Noël Akossi Bendjo, vice-président du PDCI. De son côté, Sébastien Dano Djedje, président exécutif du PPA-CI, a prévenu : « Nous refusons un quatrième mandat anticonstitutionnel et exigeons la réinscription de nos leaders sur la liste électorale. »
Les protestataires se sont dispersés dans le calme.
Fin juillet, M. Ouattara, au pouvoir depuis 2011, a confirmé sa candidature, soutenant que la Constitution lui permettait de briguer un nouveau mandat. Bien que la loi fondamentale fixe la limite à deux mandats, le Conseil constitutionnel a jugé en 2020 que l’adoption de la nouvelle Constitution en 2016 avait remis le compteur à zéro, une interprétation rejetée par l’opposition.
Outre Gbagbo et Thiam, d’autres personnalités de l’opposition comme Guillaume Soro, ancien Premier ministre en exil, et Charles Blé Goudé, ex-collaborateur de Gbagbo, sont également exclues de la présidentielle en raison de condamnations judiciaires.
À moins de trois mois du scrutin, le climat politique demeure tendu, aggravé par l’arrestation récente de plusieurs membres du PDCI et du PPA-CI. L’opposition dénonce des « enlèvements » et un « harcèlement », tandis que les autorités affirment qu’aucune « arrestation arbitraire » n’a lieu dans le pays.