La majorité présidentielle au Bénin a officiellement désigné son candidat pour la succession de Patrice Talon. C’est Romuald Wadagni, actuel ministre de l’Économie et des Finances, qui portera les couleurs du pouvoir lors de l’élection présidentielle du 12 avril 2026. Un choix stratégique qui traduit la volonté de continuité et de rigueur prônée par le chef de l’État.
Aux côtés de Mariam Chabi Talata Zimé Yérima, reconduite au poste de vice-présidente, Wadagni incarne la relève générationnelle voulue par Talon. Âgé de 49 ans, discret mais influent, l’ancien cadre de Deloitte, formé entre la France, le Canada et les États-Unis, s’est imposé comme l’un des artisans majeurs du « Nouveau Départ » lancé en 2016.
À la tête des finances publiques, il a marqué les esprits par sa discipline budgétaire et sa stratégie d’accès aux marchés internationaux : placements record d’euro-obligations, premières obligations durables du pays, et gestion prudente de la dette publique. « Il a transformé le ministère des Finances en une véritable tour de contrôle stratégique », témoigne un ancien collaborateur.
Son style, décrit comme rigoureux et sans concession, tranche avec celui d’un homme politique classique. Bureau minimaliste, méthodes exigeantes et souci du détail : Wadagni se veut avant tout garant de la stabilité macroéconomique. « Avec lui, chaque franc doit avoir une justification », souligne un proche du gouvernement.
Désormais, un autre défi s’ouvre à lui : celui de la conquête électorale. Son profil de technocrate suffira-t-il à séduire les Béninois ? L’opposition, bien que fragilisée, le décrit comme un « candidat fabriqué » par le pouvoir, simple prolongement de Patrice Talon. Ses partisans, eux, vantent sa compétence et sa probité, gages de continuité dans les acquis économiques.
L’intéressé assume sans détour son héritage. « Le président a fait un pari sur l’avenir. Mon rôle sera de protéger les acquis tout en répondant aux aspirations sociales », confiait-il récemment à ses proches. Ses priorités de campagne devraient s’articuler autour de l’emploi des jeunes, de l’amélioration des infrastructures et de la redistribution des fruits de la croissance.
Si sa rigueur a forgé sa réputation, elle pourrait aussi devenir son point faible dans un pays où les attentes sociales sont pressantes. Pour convaincre, Romuald Wadagni devra dépasser son image d’homme des chiffres et s’affirmer comme un homme d’État capable de rassembler.
La présidentielle de 2026 s’annonce ainsi comme un test décisif : après avoir fait briller le Bénin sur les marchés financiers, Wadagni veut prouver qu’il peut aussi le faire sur le terrain politique.