L’association ANEDD-Afrique a donné, le jeudi 23 octobre 2025, le coup d’envoi de son programme de projections de films dans le cadre du Festival Alimenterre 2025.
Membre du Réseau Alimenterre Togo, coordonné par l’ONG AODEL, l’association a inauguré ses activités à Hédjégan, dans la commune de Vo 1, en présence de nombreux producteurs venus des localités voisines, notamment Anévé, Atsandomé, Sotakponou, Kloukopé et Avadjimé.

Pour cette première séance, les participants ont visionné le documentaire « Les Antilles empoisonnées : la banane, le chlordécone », un film qui dénonce les conséquences dramatiques de l’usage massif du chlordécone, un pesticide longtemps employé dans les plantations de bananes aux Antilles.
La projection, assurée et traduite en outchi par Rémi Komlan Adégnon, chargé du projet, a permis au public de mieux comprendre les effets nocifs de ce produit sur la santé humaine — troubles mentaux, cancers de la prostate, infertilité, complications à l’accouchement — ainsi que sur la fertilité des sols.
Un débat engagé sur les alternatives durables
À la suite du visionnage, un débat participatif a été animé par Adégnon Koffi, responsable de la société CAEK Sarl, spécialisée dans la transformation agricole, et Hervé Adjaho, président de l’association ANEDD-Afrique.
Les échanges, riches et dynamiques, ont mis en lumière l’inquiétude croissante des producteurs face à la dépendance aux intrants chimiques.
N’MENA Ezi Emmanuel, producteur local et responsable du COGES à Hédjégan, a exprimé ses doutes. « Chaque année, nous utilisons des produits pour tuer les herbes, mais nous savons qu’ils appauvrissent le sol et détruisent les semences. Que pouvons-nous faire pour changer ces pratiques ? »
Mme Takou Yawa, quant à elle, a souhaité un accompagnement concret . « Le film m’a beaucoup marquée. Mais après cette rencontre, allez-vous nous aider à trouver des engrais non chimiques ? Nous voulons des produits qui ne nous rendent pas malades. »
Un autre participant a interpellé les organisateurs sur la pertinence locale du film . « Pourquoi montrer un film des Blancs alors que nous vivons les mêmes problèmes ici à Vogan ? Il faut produire nos propres films pour que les gens prennent conscience. Il y a quelques années, du gari de Vogan contaminé par des engrais chimiques avait été détecté à l’étranger, et nous, nous en mangions sans le savoir. »
Une promesse d’action concrète
La richesse des discussions a failli prolonger la séance au-delà de la durée du film (58 minutes). Avant la clôture, ANEDD-Afrique et CAEK Sarl ont pris l’engagement de revenir à Hédjégan pour organiser une formation pratique sur la fabrication du compost, une alternative biologique respectueuse de la santé et de l’environnement.

Cette première projection du Festival Alimenterre 2025 marque le début d’une campagne de sensibilisation itinérante menée par ANEDD-Afrique, avec cinq projections prévues dans les villages de Légbanou, Anyronkopé, Agokpamé et Amoussimé.
Une initiative saluée par les communautés rurales, désireuses de conjuguer production agricole durable et santé publique.
