À la station Afrique, des Afro-descendantes ont défilé pour montrer leur attachement à l’Afrique. Un défilé d’authenticité pour ces femmes nées et grandies en France.
Il fait très chaud en cet après-midi du 30 juillet, sur la station Afrique, installée dans la commune de L’île-Saint-Denis.
Sous la tente de la salle de sport, une trentaine de mannequins s’alignent. Éventail en main, chacune lutte pour ne pas transpirer et ne pas faire couler le maquillage. « Vous allez marcher bien droit, regarder le public et surtout sourire », conseille celui qui dirige la troupe.
Dans le rang, que des Miss : celles du Sénégal, du Mali, de la Côte d’Ivoire, de la République Démocratique du Congo, de la Guinée.
Toutes ou presque sont des afro-descendantes. Cet après-midi, sous une chaleur de plomb, elles vont défiler pour affirmer leur attachement au continent de leurs ancêtres, l’Afrique.
« C’est plaisant, c’est une fierté de mettre en valeur notre culture, de la défendre… », lâche Fatou Keita, Miss Sénégal de France. Dans une robe droite, taillée sur mesure et dorée, ses dauphines et elle se lancent. Sur fond de musique traditionnelle, les rares touristes et les Africains présents ovationnent chaque passage.
Ce podium est l’œuvre de la styliste malienne Niakaté Diarriatou. À 39 ans, elle se bat ici, en France, pour ancrer la culture africaine dans la nouvelle génération.
« C’est une manière de dire que l’Afrique, on ne t’oublie pas malgré que nous sommes en France. Moi-même, je suis une afro-descendante.
Je suis née en France, j’ai grandi en France et je tiens à mettre en valeur le tissu traditionnel et à montrer que, quel que soit l’endroit où l’on est né, on n’oublie pas l’Afrique », confie la femme au teint sombre dans un large sourire.
Un projet de musée ethnologique au Mali
« Malheureusement, quand les parents voyagent à l’extérieur de l’Afrique, l’aspect financier peut être important, et parfois on perd sa culture. Donc moi, je milite pour que la génération qui est la mienne ne soit pas responsable de l’effacement de la culture africaine.
Il est important de transmettre aux futures générations les valeurs et les cultures africaines », complète-t-elle d’un ton calme.
Sous la tente du Mali où sont exposés boubous, tissus et statues, Niakaté Diarriatou s’affiche plutôt comme une Africaine :
« Nous devons briser les barrières. Peu importe le Mali, la Côte d’Ivoire, la Guinée, nous devons parler de l’Afrique. Pour moi, il faut garder l’identité africaine. Elle est importante.
Il ne faut pas se renier, c’est une partie de nous, il faut l’accepter, l’assumer et la vivre », défend-elle en mettant en avant son projet de construction d’un musée ethnologique au Mali. Une idée pour laquelle elle cherche actuellement à lever des fonds.
A l’occasion de ces JO, Niakaté Diarriatou rêve grand pour l’Afrique. « Nous devons gagner des médailles, des médailles et des médailles », déclare, enthousiaste, la styliste.
Nesta Yamgoto Tchad/Tchadinfos.com