Depuis plusieurs années, Elizabeth Ouébia Savague, tisserande de profession, vend des pagnes traditionnels tissés dans son atelier basé à Agoè, en face du Camp Bir, près des pères Jésuites.
Elle est à la tête de l’établissement Elistis, spécialisé dans le tissage et la vente de pagnes traditionnels. En plus de son activité principale, elle s’implique dans la formation des jeunes, leur offrant des stages et assurant leur suivi.
Lors de la foire Made in Togo, Elizabeth expose une vaste gamme de pagnes traditionnels afin de démontrer son savoir-faire. Elle observe avec regret que les jeunes filles portent de moins en moins le pagne, alors que ce dernier devrait être un élément essentiel de la garde-robe de chacun, hommes et femmes confondus. Les pagnes traditionnels revêtent une grande importance pour les Togolais en particulier, et pour les Africains en général.
« Tout ce que j’expose ici sur mon stand est tissé par moi-même. Ce ne sont pas des articles achetés ailleurs pour les revendre », affirme-t-elle.
Au Togo, le commerce des pagnes traditionnels fait face à plusieurs défis, notamment le coût élevé des matières premières comme les fils de tissage. Autrefois, ces fils étaient fournis par des tisserands africains utilisant le coton cultivé localement. Cependant, la production de coton en quantité suffisante fait défaut, la transmission des connaissances se perd, et le secteur est souvent abandonné. De plus, le marché est dominé par les producteurs chinois qui inondent le marché africain de pagnes à bas prix.
« Le Togo produit actuellement du coton, mais ne dispose pas encore d’une usine de filature. Nous devons traverser les frontières pour nous approvisionner en fils, qui sont très chers. C’est ce qui explique le coût élevé de nos pagnes. Le problème principal vient des Chinois qui achètent le coton africain, fabriquent les fils, puis revendent à des prix élevés avant de produire des pagnes qu’ils vendent très bon marché sur nos marchés (1500 ou 2000 francs CFA le pagne). Nous achetons la bobine à 1000 francs CFA, et un paquet coûte entre 10 000 et 13 000 francs CFA selon la qualité. Avec de tels coûts, il nous est impossible de vendre au même prix qu’eux. C’est un problème très sérieux. Il faut que les dirigeants interviennent pour résoudre cette situation, sinon il n’y aura plus de tisserands au Togo », alerte Elizabeth.
Le métier de tisserand remonte à l’Antiquité, où les parents utilisaient les pagnes pour des besoins spécifiques. Le pagne tissé sert à de nombreuses fins, notamment pour les funérailles, la fabrication de fauteuils, le portage des bébés, la confection de vestes, les cérémonies de mariage, etc.
Malgré l’abandon du secteur, quelques courageux continuent de s’intéresser à la fabrication de pagnes appelés « Lokpo ». Ils proposent des pagnes de qualité à la population, les encourageant ainsi à les utiliser. Ces pagnes sont prisés lors des moments de fête, des traditions, des mariages ou des cérémonies funéraires, apportant qualité et valeur à ceux qui les portent. Les commandes de pagnes sur le 90968130/ 98192814.
