Les organisations professionnelles TRP, UPF-Togo et SYNJIT tirent la sonnette d’alarme : ces dernières semaines, plusieurs incidents ciblant des journalistes togolais ont mis en péril leur sécurité physique et numérique, dans un contexte où la presse privée traverse déjà une difficile conjoncture économique depuis la période de la COVID-19.
Trois situations distinctes, survenues dans différentes localités du pays, nourrissent ces inquiétudes.
La première remonte au samedi 18 octobre 2025, vers 17h TU à Lomé. Anani Galley, Directeur de publication du journal La Lettre Agricole et Chargé des Enquêtes au sein du consortium TRP (Truth Reporting Post), a été approché de manière insolite par un individu se présentant comme officier togolais. Celui-ci s’est introduit sans prévenir dans son bureau, prétextant une enquête sur un présumé malfaiteur du quartier. Après un échange bref et confus, l’homme est reparti rapidement, emporté à moto par un compagnon.
Le second incident s’est produit le 14 novembre 2025 à 6h35 TU, à Dapaong. Robert Douti, journaliste au média Laabali et membre de TRP, a constaté la présence suspecte d’un gendarme devant son bureau. « À peine arrivé, j’ai entendu des pas. Lorsque j’ai levé les yeux, il était déjà à la porte. Il s’est figé en croisant mon regard, m’a salué, s’est excusé de sa visite non annoncée, a fait une ronde de quelques minutes avant de disparaître », a-t-il relaté.
Le troisième cas concerne Edem Gadegbeku, Chargé de communication du TRP et nouveau président de l’UPF-Togo. Le 22 novembre 2025, après une assemblée générale élective, il a été victime d’un vol ciblé. Vers 20h30, de retour d’une visite familiale à Lomé, il a découvert que la vitre avant gauche de son véhicule — garé dans une zone éclairée et passante — avait été brisée avec une précision remarquable. Seul le sac contenant son ordinateur, ses clés USB et des documents administratifs a disparu. Étonnamment, des objets pourtant visibles, dont des documents liés à l’UPF-Togo et une enveloppe d’argent, n’ont pas été touchés. De quoi interroger sur la nature de ce vol : hasard ou filature ?
Bien que les autorités compétentes aient été saisies et mènent des enquêtes distinctes, cet enchaînement de faits laisse planer un climat d’inquiétude. Pour TRP, UPF-Togo et SYNJIT, l’intégrité physique et numérique des confrères concernés a été compromise.
Les trois organisations expriment leur profonde préoccupation face à ces incidents, qui, même isolés, peuvent semer le doute et l’inquiétude parmi les professionnels des médias. Elles réaffirment leur soutien aux journalistes touchés et rappellent que toute tentative d’entrave à la liberté de la presse est contraire aux principes d’un État de droit.
Elles appellent les autorités togolaises à renforcer davantage les mesures de protection, tant physique que numérique, à l’égard des professionnels des médias. Une presse qui travaille dans des conditions sûres constitue en effet un partenaire essentiel pour la bonne gouvernance, la transparence et l’édification d’une société inclusive et pacifique.
TRP, UPF-Togo et SYNJIT suivent avec attention l’évolution des enquêtes en cours.
Fait à Lomé, le 24 novembre 2025
Ont signé :
TRP, le Coordinateur
UPF-Togo, le Président, Pierre Claver KUVO – Edem GADEGBEKU
SYNJIT, le Secrétaire Général, Narcisse PRINCE-AGBODJAN

