Les organisations de la société civile sont outrées par la répression des manifestations débutées depuis 26 juin 2025. Dans un communiqué rendu public ce vendredi 27 juin 2025, les OSC fustigent la violence inouïe exercée sur les concitoyens et interpellent qui de droit.
COMMUNIQUE DES ORGANISATIONS DE LA SOCIETE CIVILE
STOP A LA VIOLENCE D’ETAT
COMME SEULE RÉPONSE À LA JEUNESSE TOGOLAISE EN COLÈRE !
Les rues de Lomé ont encore été le théâtre d’une répression brutale et systématique. Les manifesta!ons initiées par la jeunesse togolaise ont été sauvagement réprimées par les forces de l’ordre, dans une opération qui semble avoir été pensée pour terroriser, non pour restaurer
un quelconque ordre public. Des images et témoignages glaçants affluent. Une répression lourde s’est abattue sur des manifestants à mains nues : des bastonnades à l’aveugle, des jeunes molestés sans raison, des personnes arrêtées simplement parce qu’elles se trouvaient au mauvais endroit,
au mauvais moment, des arrestaons arbitraires sans procédure, des actes de torture… Certains ne manifestaient même pas. Leur seul tort ? Porter du rouge, couleur désormais stigmatisée
comme symbole.
Des nervis cagoulés ou non, agissant en parallèle ou en appui des forces de l’ordre, ont été identifiés par des témoins. Cette milice informelle a semé la peur avec une impunité révoltante.
A Anfamé, aujourd’hui vers 13H, alors qu’il n’y avait aucune manifestaon, des habitants nous ont expliqué comment des éléments des forces de l’ordre ont défoncé des portails pour faire irruption dans des domiciles ; ils ont défoncé les portes des chambres pour finalement partir avec deux
jeunes qui étaient en train de tranquillement manger du riz.
Les conséquences humaines sont lourdes : plusieurs blessés, dont certains gravement atteints, nécessitent une intervention chirurgicale pour fracture. Une répression sans discontinu, sans retenue, qui frappe aveuglément.
Le drame a pris une dimension encore plus funeste avec la découverte, dans le 4e
lac à Akodessewa, de deux corps sans vie. Les premiers éléments recueillis auprès de proches et de témoins laissent à penser qu’il s’agirait de deux membres d’une même famille, originaires d’un pays voisin disparus dans la nuit du 25 au 26. De forts soupçons orientent vers des éléments des
forces de l’ordre qui auraient procédé à leur interpellaon. Deux autres corps ont été repêchés cet après-midi dans la lagune de Bè. Des témoignages concordants font état d’au moins un autre corps non encore sorti de l’eau…
Cette escalade dans la violence traduit une chose : le pouvoir a choisi la brutalité comme seule réponse à un peuple qu’il refuse d’écouter. Plutôt que le dialogue, c’est la matraque et le silence qu’on impose. Plutôt que la justice, c’est la peur qu’on instaure.
NOUS DÉNONÇONS FERMEMENT CETTE DÉRIVE AUTORITAIRE.
Nous saluons avec force et respect le courage admirable et la détermination sans faille de la jeunesse togolaise. Face à l’oppression, à la peur et à la répression violente, elle a choisi de se lever, de parler, de résister. Elle est aujourd’hui le visage de l’espoir et de la dignité dans un pays où l’arbitraire et la brutalité étatique veulent étouffer toute voix dissidente. Cette jeunesse mérite non seulement notre admiration, mais aussi notre appui concret. Il est désormais impératif que
la désobéissance civile s’étende à tous les secteurs de la société. C’est par une mobilisation
générale, pacifique mais résolue que nous pourrons briser les chaînes de la peur, imposer la libération totale de notre pays et poser les fondements d’un véritable État de droit, où la
démocratie sera une réalité vivante.
Nous exigeons :
– l’arrêt immédiat des violences exercées par les forces de l’ordre;
– l’ouverture d’enquêtes indépendantes pour identifier les responsables, qu’ils soient en uniforme ou non et les traduire en justice.
Il en va de l’honneur de notre pays et de la nécessité de protéger les droits humains au Togo.
Nous appelons la communauté internationale à se saisir d’urgence de cette situation préoccupante qui menace la paix et la cohésion sociale.
Trop de sang a coulé. Trop d’injusces ont été commises dans l’ombre. Il est temps d’y mettre fin.
Le peuple togolais mérite mieux que le silence, la peur et la violence.
Le peuple mérite la vérité.
Le peuple mérite la jusce.
Le peuple mérite la liberté…
Fait à Lomé le 27 juin 2025
Pour les OSC
Pr DOSSEH Ekoué David