Togo : Médissa Sama, figure controversée d’un engagement sous influence

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Alors que son nom circule dans plusieurs cercles de coopération et de plaidoyer internationaux, la présence récurrente de Médissa Sama à des tribunes internationales suscite de vives interrogations. Présentée comme entrepreneure sociale et chevalier de l’Ordre du Mérite du Togo, cette figure médiatique, active à la tête de la Confédération des Juniors Entreprises du Togo (CJET), est aujourd’hui accusée d’être un relais discret mais influent du régime au pouvoir à Lomé.

L’image d’une jeune femme engagée pour l’autonomisation économique des jeunes Africains a longtemps prévalu. Or, des voix de plus en plus nombreuses, notamment dans les milieux de la société civile togolaise, dénoncent ce qu’ils considèrent comme un double discours. Selon plusieurs témoignages recueillis par des activistes, dont l’influent Camus Ali, Médissa Sama agirait en réalité dans l’ombre du pouvoir en place, notamment dans le sillage du député-maire Kovi Adanbounu, proche du parti au pouvoir, l’Union pour la République (Unir).

Des faits remontant à 2017 alimentent particulièrement la controverse. Cette année-là, au plus fort des manifestations populaires contre le régime, Médissa Sama avait publiquement appelé à la retenue, en appelant à « faire la paix pour affronter les terroristes ». Ce discours, perçu par certains comme un appel à la désescalade, est analysé par d’autres comme une stratégie d’endormissement de la jeunesse contestataire, au service du maintien de l’ordre établi.

Un rôle ambigu, des enjeux politiques clairs

Ce positionnement ambigu suscite aujourd’hui un appel clair à la vigilance. Pour plusieurs membres de la société civile togolaise, continuer à inviter Médissa Sama dans des forums internationaux revient à offrir une tribune à une actrice soupçonnée de collusion avec un pouvoir jugé autoritaire. Une telle visibilité, affirment-ils, contribuerait à légitimer un régime qui n’a jamais connu d’alternance politique en plus de cinq décennies d’indépendance.

« Le Togo est le seul pays d’Afrique de l’Ouest où le pouvoir n’a jamais changé de mains de manière démocratique. Offrir des plateformes à ceux qui entretiennent ce statu quo, c’est cautionner l’immobilisme politique », résume un acteur associatif contacté par notre rédaction.

Un appel à la responsabilité internationale

À l’heure où les jeunes Togolais peinent à se faire entendre dans un espace civique restreint, de nombreux observateurs appellent les organisations internationales à faire preuve de discernement dans le choix de leurs partenaires. La lutte contre la manipulation, la récupération politique et la désinformation doit, selon eux, commencer par un examen rigoureux des figures qu’on promeut à l’international.

« Ce n’est pas en recyclant les figures proches du pouvoir que l’on fera émerger une nouvelle génération d’acteurs réellement engagés pour le changement », prévient un universitaire basé à Lomé.

Alors que les défis socio-économiques du Togo demeurent considérables, la crédibilité des partenaires internationaux dépend aussi de leur capacité à distinguer l’engagement authentique des rôles instrumentalisés. Et à ne pas confondre activisme médiatique et engagement éthique.

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