La scène Jimi Hope de l’Institut français de Lomé a vibré sous les notes envoûtantes de Yao Bobby, artiste aux multiples talents, à la fois musicien et plasticien ce samedi 23 novembre 2024 devant un public acquis pour sa cause, sous le direction artistique de Sandra POISSON.
Ce cofondateur du groupe Djanta Kane a électrisé son concert par une performance artistique, véritable fresque sonore illustrant la vie des pêcheurs traditionnels togolais.
Avec un répertoire éclectique mêlant musique électronique et sonorités tradi-modernes, Yao Bobby a captivé un public conquis. « On dit souvent que la musique électronique n’a pas sa place au Togo, mais ce concert est la preuve du contraire. Du début à la fin, le public a participé avec enthousiasme. C’est le début d’une nouvelle ère pour ce genre musical ici », s’est-il réjoui. Il ambitionne de populariser ce style tout en y intégrant des éléments traditionnels comme l’akpèssè ou le kamou.
Le spectacle a été marqué par des moments intenses, notamment l’intervention surprise de Lady Art, fille de l’artiste, qui a ému son père en montant sur scène. « Les gens pensent souvent que la musique est réservée à une certaine marginalité, mais ma fille prouve le contraire. Elle excelle à l’école et travaille sur son propre album », a confié un Yao Bobby visiblement ému.
La soirée a aussi été l’occasion pour Yao Bobby de rappeler son engagement : redonner vie aux traditions locales à travers la musique électronique. Inspiré par les chants des pêcheurs d’Agbodrafo, il fusionne rythmes ancestraux et sonorités futuristes. En collaboration avec Ivalmok, chorégraphe et musicien, ils ont proposé une performance hybride célébrant les racines africaines tout en explorant les frontières technologiques.
Le projet « AME », fruit de ce partenariat, interroge nos origines et notre avenir. À travers une démarche artistique axée sur le recyclage, Yao Bobby transforme le vieux et l’abandonné en œuvres visuelles et sonores. Ce spectacle, à la croisée des traditions et des machines, est une invitation à rêver un monde nouveau tout en restant fidèle à ses racines.
Yao Bobby s’apprête à célébrer l’anniversaire le 31 décembre 2024 à Master Popa, pour ses 20 ans de carrières, avant de s’envoler pour une tournée européenne en mars 2025. « Le hip-hop électronique togolais a sa place sur la scène internationale, mais il faut du travail et une attention particulière aux messages que nous véhiculons à travers nos chansons », a-t-il insisté.
Éric MC, légende du hip-hop togolais, a salué l’audace de Yao Bobby tout en plaidant pour une meilleure intégration des voix féminines dans ce genre musical. « La musique électronique n’est pas intrinsèquement africaine, mais Yao Bobby montre qu’en y ajoutant nos traditions, elle peut devenir un mélange unique », a-t-il souligné.
Avec son Afro-hip-hop, Yao Bobby ne se contente pas de créer de la musique. Il est un véritable sculpteur d’âmes, un agitateur de consciences, et un passeur de mémoires. Ses œuvres, qu’elles soient musicales ou plastiques, résonnent comme un hommage vibrant à l’Afrique et à son inépuisable potentiel créatif.