D’abord répertoriés comme espèce de l’annexe II de la CITES, ce qui veut dire que les hippopotames ne sont pas nécessairement menacés d’extinction, Ils sont ensuite devenus au fil des années, des espèces menacés d’extinction. Ces mammifères semi-aquatiques, que l’on trouve en Afrique subsaharienne, ont une population en déclin de 30 à 50 % au cours de la dernière décennie. Du coup, ce sont de nombreuses menaces qui pèsent sur eux, à commencer par le réchauffement climatique, la perte de leur habitat, et le braconnage pour l’ivoire contenu dans leurs dents. Ajouter à cela, la vente des hippopotames à des fins commerciales. Ce sont ainsi plus de 78 000 parties et produits d’hippopotame qui ont été commercialisés en cette dernière décennie.
Les hippopotames sont chassés pour leur viande mais aussi pour alimenter le commerce international en dents, en défenses, en sculptures d’ivoire, en peaux et en produits faits de peau. L’ivoire d’hippopotame est utilisé pour en faire des sculptures, et est populaire parmi les consommateurs, étant généralement moins chère que l’ivoire d’éléphant et plus facilement accessible. Selon la base de données de la CITES, les produits en ivoire d’hippopotame et les produits en peau d’hippopotame représentaient les deux types de produits provenant de ces spécimens les plus commercialisés internationalement.
Les hippopotames sont particulièrement vulnérables à la surexploitation en raison de leur très faible rendement reproductif. Un déclin marqué en raison de cette très faible productivité. Pourtant, les spécimens d’hippopotames sont commercialisés légalement dans certains pays. Entre les années 2018 à 2022, plus de 90 000 spécimens d’hippopotames ont été importés dans le monde entier. Les sculptures et les dents d’hippopotames étaient les types de spécimens les plus courants dans le commerce.
Selon les chiffres de l’UICN, concernant les pièces issues des hippopotames, les États-Unis (34 %) et la France (30 %) étaient les plus grands importateurs, et la Tanzanie (62 %), la Zambie (12 %), le Zimbabwe (10 %), l’Ouganda (7 %) et l’Afrique du Sud (5 %) les plus grands exportateurs. Le commerce illégal de l’ivoire d’hippopotame a fortement augmenté après l’inscription des éléphants d’Afrique à l’Annexe I de la CITES en 1989, avec plus de 27 000 kg d’ivoire d’hippopotame exportés illégalement au cours des années 2020, soit une augmentation de près de 200 % par rapport aux années 90.
Des spécimens d’hippopotames ont été saisis dans 48 pays au cours de l’année 2021. L’Ouganda, la Tanzanie, la Chine et Hong Kong ont fait des saisies de dents d’hippopotames en 2021. Des saisies et des arrestations liées à l’ivoire d’hippopotame ont été signalées en cette même période, ce qui représente l’abattage illégal d’un minimum estimé à plus de 6 755 hippopotames.
Menaces
Le rapport de l’UICN, a notifié que la chasse illégale et non réglementée pour la viande et l’ivoire constitue une menace principale pour l’hippopotame. Le braconnage de l’hippopotame se produit dans de nombreux États, mais son impact et sa visibilité sont plus importants lorsqu’un grand nombre d’hippopotames sont braconnés pendant les périodes de troubles ; les milices tuent les hippopotames pour la viande afin de nourrir les soldats et pour le commerce de l’ivoire comme source de financement de leurs activités.
Par exemple, un grand nombre d’hippopotames a été tué pendant les périodes de troubles en Côte d’Ivoire. La population d’hippopotames a également disparu du parc national de Dinder, au Soudan, en raison de braconniers commerciaux armés. Dans le sud-est de la République centrafricaine et le nord-est de la République démocratique du Congo, dans le paysage de Garamba-Bili-Chinko, qui comprend le parc national de Garamba et plusieurs réserves, on observe un braconnage et un trafic d’hippopotames à grande échelle par des groupes armés, des milices et des braconniers militarisés.
D’autres menaces, pas des moindres restent le développement résidentiel et commercial, l’agriculture et l’aquaculture, la chasse et le piégeage, les intrusions humaines et les perturbations causées par la guerre, les troubles civils et les exercices militaires, les modifications des systèmes naturels tels que les barrages, la gestion et l’utilisation de l’eau, le changement climatique et les phénomènes météorologiques violents, y compris les sécheresses.
En effet, l’une des plus grandes menaces pour les hippopotames reste aussi la perte et la dégradation de leur habitat. Les hippopotames dépendent de l’eau douce pour survivre, ce qui les met souvent en conflit avec les communautés locales qui ont également besoin d’eau douce pour l’agriculture, l’énergie, la pêche et le développement résidentiel. Les conflits hippo-humains sont en augmentation, en particulier en Afrique de l’Ouest. Du coup, les populations d’hippopotames se déciment engendrant une disparition silencieuse de l’espèce. De plus, le déplacement des hippopotames hors des zones protégées augmente la probabilité d’interactions avec les humains, pouvant engendrer des conflits humains. Pendant la saison sèche, les hippopotames se déplacent des zones de rivières asséchées vers des ressources contenant plus d’eau, constituant ainsi de plus grandes congrégations d’hippopotames.
Pourtant, les hippopotames jouent un rôle essentiel dans la préservation d’un écosystème sain. Comptant parmi les plus gros animaux terrestres, ils sont particulièrement vulnérables face aux menaces car leur population se renouvelle lentement. Les femelles n’atteignent en effet leur maturité sexuelle qu’à l’âge de 10 ans, et la gestation est longue, elle qui dure 8 mois.
Commerce illicite
Le commerce illégal de l’ivoire d’hippopotame a fortement augmenté après l’inscription des éléphants d’Afrique à l’Annexe I de la CITES en 1989, comme précédemment indiqué. Cette tendance se poursuit car des dents d’hippopotame et des produits issus de dents d’hippopotame ont été systématiquement trouvés avec de l’ivoire et des produits en ivoire saisis dans certains pays. Des saisies et des arrestations liées à l’ivoire d’hippopotame ont été signalées dans 20 pays entre 2016 et 2021. Selon les données CITES, les saisies de spécimens d’hippopotames représentent un total de 625 spécimens saisis par an
Selon les registres d’importation contenus dans la Base de données sur le commerce CITES, les parties et produits d’hippopotames faisant l’objet d’un commerce international légal provenaient de pays où ces exportations sont illégales en vertu du droit national, ce qui indique que des parties et produits illégaux sont blanchis sur le marché. Ces pays sont le Burkina Faso, le Cameroun, la République centrafricaine, la République démocratique du Congo et le Kenya.
Le commerce illégal de parties et de produits en ivoire d’hippopotame est souvent associé au commerce illégal d’ivoire d’éléphant et, dans une moindre mesure, à d’autres produits de contrebande d’espèces sauvages, tels que les écailles de pangolin et les peaux de léopards, aux armes et munitions et à la fausse monnaie. Comme pour le commerce de l’ivoire d’éléphant, il existe des marchés parallèles légaux et illégaux. Il existe des preuves de braconnage et de trafic d’hippopotames, ainsi que des arrestations et des saisies associées, dans les 15 pays d’origine des parties et produits d’hippopotames dans le commerce international légal.
Au Togo
Les hippopotames sont intégralement protégés, et on en compte une centaine. La vallée du Mono, compte à elle seule, plus d’une trentaine d’hippopotames, selon le rapport de l’ONG CDAC. Pourtant, des réseaux de trafiquants font tout pour passer par les mailles grâce à la corruption, malgré les efforts des ONG internationales, telle qu’EAGLE-Togo qui accompagne les autorités pour que les textes sur la protection des espèces protégées soient appliqués.
La détention, la circulation et la vente de trophées d’hippopotames, sont punies par les articles 761 et 796 du nouveau Code pénal du Togo. L’article 761 par exemple réprime d’un maximum de cinq ans de prison et de cinquante millions d’amende, toute personne qui directement ou indirectement commercialise sans droit, une espèce animale protégée. Afin de freiner les actions des braconniers, certaines ONG nationales et internationales organisent périodiquement des sensibilisations vis-à-vis des populations riveraines. Le plus souvent, ces organisations invitent les populations à s’organiser en groupement de revenus financiers pour qu’ils se détournent peu à peu du braconnage.
D’autres projets sont initiés en faveur des populations, notamment la sauvegarde de la biodiversité et des espèces menacées dont l’hippopotame afin d’améliorer les conditions de vie des populations locales grâce à l’installation d’une réserve biologique communautaire pilote de 400 ha comme support scientifique, culturel et didactique dans la vallée du fleuve Mono. Les différents groupes bénéficiaires du projet sont les agriculteurs, les pêcheurs, les éleveurs, les chasseurs, les commerçants et les femmes surtout pour l’utilisation de bois de chauffe nécessaire au fumage de poissons.
Comme au Togo, les hippopotames sont officiellement protégés dans de nombreux États, mais le niveau d’application des textes reste faible. Le seul instrument juridique international relatif à l’hippopotame est la CITES. L’hippopotame a été inscrit à l’Annexe II de la CITES lors de la CoP9 en 1994, sur la base d’une proposition de la Belgique, du Bénin et de la France. Les hippopotames ont fait l’objet d’une Etude du commerce important (ECI) par le Comité pour les animaux de la CITES à deux reprises : la première en 1999 et la deuxième en 2008. Suite à cela, parmi les principaux exportateurs de parties et produits d’hippopotames de 2009 à 2018, seule la Tanzanie a établi un quota d’exportation de 4 800 peaux, 10 598 kg, y compris les dents de 1 200 animaux et les trophées de chasse.
Déclin considérable des hippopotames en Afrique : de l’importance de mettre fin au crime faunique
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