Depuis longtemps, l’Afrique de l’Est domine les épreuves de fond et demi-fond dans les compétitions internationales. Leurs adversaires convoquent aujourd’hui la science pour rivaliser et s’emparer à leur tour des podiums.
L’Éthiopie, le Kenya, l’Ouganda ont longtemps plané sur les demi-fond et fond en raison des conditions naturelles favorables de leur pays. L’altitude est idéale, les températures modérées, ce qui permet aux athlètes de récupérer plus vite. Pourtant, cet avantage pourrait s’émousser à l’avenir. « L’Afrique de l’Est a eu une mauvaise compréhension du sport, condamne SIE PODA, entraîneur national de Côte-d’Ivoire. Ils ont un environnement naturel qui permet à leurs athlètes de développer un certain nombre de caractères favorables à certaines disciplines. D’autres, issus d’autres continents, sont alors venus s’entrainer, se former, dans ces contextes propices aux performances, raconte-t-il. Et ils ont constaté que ces Africains formaient les athlètes sans grandes connaissances scientifiques. Ils ont alors commencer par recréé des conditions identiques de façon artificielle. Puis, ils ont ajouté leurs connaissances scientifiques. Ils ont développé un environnement artificiel propice aux bons résultats. Du coup, ils ont pris le pas sur eux. », constate l’Ivoirien.
Elias Makory, journaliste kényan, abonde dans le même sens. « De nombreux pays africains n’ont pas investi dans les méthodes scientifiques de formation et s’appuient encore sur des talents anciens et bruts. Le monde évolue rapidement avec la technologie », fustige-t-il. Le coach Hassan Saïd est plus explicite sur cette magie européenne qui a volé la vedette aux techniques passéistes, toujours d’actualité en Afrique. « Aujourd’hui grâce à la science, on reproduit les mêmes conditions qu’en Afrique. On peut créer les conditions d’une altitude de 2000 mètres et bien plus grâce à des tentes », éclaire-t-il.
L’étude de l’athlète
La science utilisée en Europe et bien ailleurs ne s’applique pas qu’à créer les mêmes conditions climatiques et géographiques qu’en Afrique de l’Est. Elle s’attache à l’étude de l’humain qu’est l’athlète.
« Les autres pays du globe terrestre ont investi du temps à étudier les athlètes africains, leurs tactiques et les avantages qui découlent d’un entrainement en la haute altitude. Toute la science et le savoir-faire de l’Afrique de l’Est ont été étudiés et optimisés. Ils se préparent donc de mieux en mieux », décrypte Elias Makory. Le journaliste kényan n’a pas tort. Car, la science va bien au-delà. « L’athlète est analysé par des machines. Ceci permet de déterminer par exemple le taux de magnésium et autres composants dans l’organisme, de les maitriser et d’ainsi générer les meilleures conditions de succès », assure Hassan Saïd. L’athlète devient un corpus sans cesse en questionnement sur le plan scientifique. Ce qui permet chaque fois d’affiner les stratégies et tendre vers la perfection, synonyme de performances sportives .
Le financement et le manque d’installations sportives
La politique sportive des États africains est également pointée du doigt. Le manque de moyens financiers plique également le recul sur la scène mondiale des athlètes du continent. « L’Afrique va souffrir tant qu’elle ne pourra pas organiser des meetings de valeur avec de grands sponsors et l’engagement de nos Etats. Il faut avoir l’audace d’injecter des sommes colossales dans le sport. Il faut de l’investissement financier, humain et matériel », peste Idrissa Diakité, le journaliste , spécialiste d’athlétisme. Son confrère kenyan souligne également le manque d’infrastructures.
« Il existe un sérieux problème de manque d’installations et les programmes de développement des jeunes ne sont pas bien structurés. Ce qui signifie que les athlètes talentueux se retrouvent exclus avant d’atteindre le niveau senior. Le manque de budgets sportifs conséquents des ministères des Sports montre que le développement du sport n’est pas une priorité. Il y a peu ou pas d’argent pour le sport », regrette-t-il.
Les crises à répétition au sein des fédérations et même des pays, le management ainsi que la fuite des talents contribuent également à la perte de vitesse de l’Afrique de l’Est dans les épreuves du demi-fond et le fond. Tous et à quelque niveau que ce soit, sommes interpellés afin d’aider l’Afrique de l’Est a retrouvé son rayonnement d’antan.
Lebéni KOFFI Côte-d’Ivoire