« Ne laissez pas l’île Pari sombrer » : tel est le cri d’alarme lancé par Les Amis de la Terre–Togo lors d’une conférence de presse tenue à Lomé, le 5 septembre 2025.
Par ce geste de solidarité envers WALHI (Les Amis de la Terre–Indonésie) et les communautés locales, l’ONG appelle à sauver cette île indonésienne gravement menacée par les dérèglements climatiques et la destruction de ses écosystèmes.
Située dans la baie de Jakarta, l’île Pari culmine à seulement 1,5 mètre au-dessus du niveau de la mer. Déjà 11 % de sa superficie est submergée (ECCHR, 2023). Ses 1 500 habitants subissent la salinisation des puits, la recrudescence des inondations et l’effondrement de leurs activités traditionnelles telles que la pêche, le tourisme ou encore l’algoculture.
En janvier 2023, quatre résidents ont déposé plainte contre Holcim, multinationale suisse accusée d’avoir émis plus de 7 milliards de tonnes de CO₂ depuis 1950 (CDP, 2022). Ce procès, toujours en cours en Suisse, pourrait marquer une étape historique en établissant la responsabilité légale des grandes entreprises dans les dommages climatiques.
En 2025, l’île a subi de nouvelles agressions : dragages et remblais illégaux liés à des projets touristiques ont détruit 40 000 mangroves (Ministère indonésien de l’Environnement, 2025), dégradé les récifs coralliens et accru les risques d’érosion et de submersion.
Les Amis de la Terre–Togo soulignent que la situation de l’île Pari illustre les mêmes menaces qui pèsent sur les communautés du littoral ouest-africain.
Le recul de la côte togolaise atteint 2 à 5 mètres par an (Ministère de l’Environnement, 2022). Plus de 7 000 ménages sont directement affectés (PNUD, 2021).
Les pertes économiques liées à l’érosion et aux inondations dépassent 20 milliards FCFA par an (Banque Mondiale, 2020).
Ces chiffres confirment le constat du GIEC (2023) : les populations qui émettent le moins de gaz à effet de serre subissent pourtant les impacts les plus lourds.
« L’affaire de l’île Pari est un signal d’alarme mondial. Elle incarne la même injustice vécue par les communautés du Togo et de l’Afrique de l’Ouest. Avec WALHI et le réseau international des Amis de la Terre, nous affirmons que la justice climatique est une exigence, non une option. Les multinationales doivent rendre des comptes et les peuples doivent être au cœur des solutions », a déclaré l’organisation.
À l’issue de cette conférence, l’ONG a formulé plusieurs demandes prioritaires la reconnaissance juridique de la responsabilité des multinationales dans la crise climatique ; le renforcement et l’accessibilité du Fonds international “Loss & Damage” adopté à la COP27 ; le soutien aux solutions locales et communautaires : restauration des mangroves, agriculture paysanne durable, transition énergétique juste ; l’adoption de politiques publiques contraignantes pour protéger les littoraux et garantir la justice économique et sociale.
Par ce plaidoyer, Les Amis de la Terre–Togo rappellent que la lutte pour la justice climatique est mondiale, mais que ses conséquences se vivent d’abord au niveau local, dans la vie quotidienne des communautés les plus vulnérables.