Au Togo, la lutte contre les infections sexuellement transmissibles (IST), le VIH et le Sida préoccupe fortement les autorités et les organismes impliqués, notamment le Secrétariat Permanent du Conseil National de Lutte contre le Sida et les infections sexuellement transmissibles (SP/CNLS-IST) et le Programme National de Lutte contre le Sida, les Hépatites Virales et les infections sexuellement transmissibles (PNLS-HV-IST). Ces efforts incluent plusieurs initiatives ciblant les populations clés, chez qui la prévalence du VIH est particulièrement élevée.
La prévalence du VIH est élevée parmi les hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes (HSH), incluant les membres des communautés LGBTQ+, bisexuels, et lesbiennes. Bien que minoritaires, ces groupes sont particulièrement à risque de contracter les IST et le VIH. Selon des études, la prévalence nationale est de moins de 2 % (1,7 % précisément, selon EPP Spectrum 2022). Cependant, parmi les HSH, elle atteignait 21,9 % en 2017. Grâce aux diverses interventions mises en œuvre, cette prévalence a été réduite à 8,7 % en 2022.
« La prévalence reste élevée, et les IST ne sont pas éliminées au sein de cette population clé. On observe des écoulements au niveau de la verge, de l’urètre, de l’anus ou du rectum, ainsi que des ulcérations et des plaies. Ces comportements inquiètent. C’est pourquoi nous devons entreprendre des interventions spécifiques auprès de cette population clé, » a déclaré Mme Abalo Aklaï Anate, responsable de l’unité IST et interventions ciblées pour les populations clés au PNLS-HV-IST.
Grâce à des documents d’orientation et des normes élaborées, le PNLS parvient à fournir des soins adaptés à cette population, notamment grâce aux politiques de prise en charge et aux structures accréditées, appelées services adaptés.
Au Togo, 57 structures prennent en charge les personnes concernées, dont 16 sont en milieu carcéral. Des pratiques HSH pouvaient être observées dans ces établissements, en raison du confinement des hommes ensemble et des femmes entre elles, ce qui favorise les rapports sexuels entre personnes du même sexe. Cette situation est aggravée par le transfert de certains HSH d’une prison à une autre, multipliant les cas et accentuant le phénomène.
« Les populations clés incluent les HSH, les professionnels du sexe (PS), et les prisonniers. En prison, certains offrent des services sexuels en échange d’argent ou pour survivre, ce qui les expose aux IST. La consommation de drogue et d’alcool augmente également les risques, car elle altère les facultés et empêche l’utilisation des préservatifs, » explique un spécialiste du PNLS.
Pour contrer la forte prévalence du VIH parmi les HSH, plusieurs interventions sont menées. Le PNLS organise des activités de sensibilisation de masse et de proximité, encourage la connaissance du statut sérologique et la prise en charge précoce, ceci à travers la plateforme des organisations de la société civile. Des initiatives comme le dépistage par index, qui identifie les partenaires sexuels ou d’injection de drogues, des personnes vivant avec le VIH, sont mises en œuvre. Cette approche inclut les partenaires sexuels des 12 derniers mois et les enfants biologiques de moins de 19 ans.
Les pairs éducateurs, formés pour sensibiliser leurs semblables, jouent un rôle crucial. Ils utilisent des tests d’auto-dépistage, confirmés ensuite dans des centres adaptés. Des stratégies mobiles avec des véhicules permettent d’atteindre les communautés pour le dépistage et le traitement sur place. Les cas positifs sont référés aux centres de santé pour une prise en charge efficace.
Bien que le mariage homosexuel ne soit pas légal au Togo, la communauté LGBTQ+ existe et opère discrètement. Grâce à des formations et à la politique de confiance établie par le SP-CNLS et le PNLS, cette population clé peut se confier aux agents des centres de prise en charge sans craindre la stigmatisation.
« Pour travailler avec cette population clé, il faut établir une relation de confiance. Grâce aux documents de confiance du PNLS, nous pouvons les approcher sans les rejeter. Cela nous permet de comprendre leur histoire et leur orientation, et ainsi réduire la prévalence du VIH, » précise Mme Abalo.
L’approche améliorée de sensibilisation par les pairs (EPOA) améliore l’accessibilité au dépistage des populations clés en utilisant des incitations basées sur les performances et les réseaux sociaux et réseaux sexuels. Cette méthode peut aussi être utilisée pour le dépistage de la syphilis et des hépatites virales.
Malgré les efforts de sensibilisation, certains continuent de croire que le VIH n’existe pas. Le VIH existe et tue. Il est donc crucial de se faire tester, de connaître son statut sérologique et de se référer aux bonnes informations pour lutter contre les IST et le VIH. Éviter certaines pratiques à risque, comme les partouzes, est également conseillé.
« La prévalence élevée au sein des populations clés pourrait se généraliser à l’ensemble de la population. Nous devons donc adopter de bonnes pratiques pour éviter la propagation du VIH, » conclut Mme Abalo.