L’artiste de la chanson togolaise Dada Akuyo sortira ce 10 août 2024 son premier album de douze titres intitulé « Kekeli » (lumière). Née le 10 février 1931 à Agou Klonou, Dada Akuyo a aujourd’hui 93 ans, mais l’âge ne constitue pas un obstacle pour elle dans la réalisation de son ambition de chanter.
Cultivatrice, couturière et boulangère, Dada Akuyo a perdu la vue depuis plusieurs années déjà, mais elle aspire à marquer son passage à travers ce don généreux qu’elle a reçu de son créateur : le chant. Et c’est ce qu’elle fait brillamment à travers ces douze titres de « Kekeli ».
À travers cet album, Dada Akuyo souhaite bercer et partager avec les mélomanes ses émotions, en proposant un cocktail de thèmes et de rythmes à la fois actuels et anciens.
Ces chansons, véritables merveilles pleines de conseils et d’éducation, démontrent son talent pour choisir les mots justes, transporter les auditeurs, créer de l’espoir, inviter les siens à se battre, à avoir des convictions et, surtout, à se détourner du monde obscur.
Le premier single, « Srondelawo », a été lancé il y a deux ans. Le deuxième et dernier single, « Doveve », a été lancé le 11 juin dernier et tourne en boucle sur les médias.
Sur l’album, on retrouve plusieurs chansons telles que « Yaye », « Doveve », « Ekayi », « Nukata », « Guitare Pola », « Srondelawo », « Dodo Dodo », « Kekeli », « Dezon » et « Kpoeta ».
« Yaye » est un morceau qui fait allusion au choix de son partenaire, au mariage, à l’importance du lien, au travail ou au fainéantisme. « Doveve » retrace le pouvoir de l’espoir face à l’esclavage, à la colonisation, au néocolonialisme, à l’immigration clandestine, à l’exode et à la fuite des cerveaux, au silence des dirigeants. Elle y évoque la ténacité, l’abnégation, le courage dans l’épreuve, le sacrifice et l’accomplissement d’une personne sur cette terre. « Ekayi » célèbre la fierté de l’identité noire et la force de l’Afrique, rendant hommage aux héros du continent comme Kwame Nkrumah, Jerry John Rawlings et Nelson Mandela. Malgré la richesse de l’Afrique, ses enfants restent pauvres, mais plus joyeux que ceux des autres continents vivant dans l’opulence et se sentant souvent seuls.
« Nukata » traite de la méchanceté gratuite, prônant l’amour et non la haine, et soulignant la force du couple. Seul on va plus vite, ensemble on va plus loin. Cela ne sera pas facile, mais cela en vaut la peine avec communication, respect et amour.
Elle appelle également à protéger les enfants, leurs familles et les environnements dans lesquels ils grandissent. L’éducation des enfants et les relations entre adultes et enfants sont parmi ses combats. C’est pourquoi elle appelle au pardon, « Tsotsoke », qu’elle considère comme un sacerdoce, invitant à l’amour. Elle parle aussi des valeurs culturelles, des sorties traditionnelles des nouveaux-nés, du respect des aînés et de la tradition, qu’elle considère comme essentiels pour construire nos villages, nos villes, nos pays, notre continent, car ce ne sont pas les autres qui le feront à notre place.
Elle invite également à travailler, à éviter de « raser une usine pour y construire une église et espérer prospérer économiquement ». Oui à la prière, mais aussi au travail, à l’abnégation et à la persévérance. On ne voit généralement que la partie visible de l’iceberg de ceux qui ont réussi. Adaptation de notre éducation à nos réalités est nécessaire, souligne-t-elle.
Elle raconte : « Il y a bientôt 90 ans, je naissais dans un petit pays de l’Afrique de l’Ouest. Après quelques années, j’ai rencontré un jeune homme extraordinaire, travailleur, gentil et calme, avec qui j’ai eu la chance de partager ma vie durant des années. Ensemble, nous avons eu neuf merveilleux enfants, 22 petits-enfants et 24 arrière-petits-enfants. Quelques années plus tard, un beau matin, en me réveillant, je me suis retrouvée dans une obscurité totale. Je venais de perdre la vue. Dès lors, ma vie a basculé de femme dynamique et autonome à celle qui ne peut plus rien faire sans aide. Cela a entraîné de nombreux maux dont je ne saurais même pas prononcer les noms…”.
La vie de Dada Akuyo est faite d’abnégation, de lutte et aussi de tristesse. Elle saura vous embarquez dans un univers musical inédit et pathétique ce 10 août 2024 au lancement de son premier album de douze titres intitulé « Kekeli ».
