À Bolou, localité rurale située dans la préfecture de Zio, la fabrication artisanale des jarres est une activité qui se transmet de génération en génération, constituant à la fois un patrimoine culturel et une source de revenus pour les femmes du village.
Un savoir-faire transmis de mère en fille
Sous le grand manguier de la cour familiale, de petites équipes de femmes s’activent, mains couvertes d’argile, façonnant patiemment les jarres selon les techniques ancestrales. « C’est notre mère qui nous a appris à préparer l’argile, à la pétrir et à donner forme aux jarres avec précision », confie Ama, potière depuis plus de quinze ans. Ici, chaque jarre raconte une histoire : celle d’un geste maîtrisé, d’une patience cultivée et d’une communauté soudée autour d’un même objectif.
Tout commence par l’extraction de l’argile dans les rivières et marigots environnants. Une fois récoltée, l’argile est tamisée pour en retirer les impuretés avant d’être mélangée à de l’eau et pétrie jusqu’à obtenir une texture souple.

Les femmes façonnent ensuite les jarres à la main, sans tour de potier, en construisant progressivement les parois par enroulement de boudins d’argile, puis en lissant les surfaces avec des calebasses ou des galets plats. Les jarres sont ensuite décorées avec des motifs géométriques gravés ou en relief, selon le style de chaque artisane.
Après plusieurs jours de séchage à l’ombre, les jarres sont disposées en cercle pour la cuisson à feu ouvert, alimenté par des fagots de bois et des coques de noix de palme. Cette étape, cruciale, requiert une grande attention pour éviter les fissures dues aux variations de température.
La vente de ces jarres sur les marchés de Tsévié et des localités environnantes constitue une source de revenus importante pour ces femmes, leur permettant de subvenir aux besoins de leurs familles et de financer la scolarité de leurs enfants.
« Grâce à la vente de mes jarres, j’ai pu payer les frais de santé de mon dernier-né », témoigne une autre artisane, Kafui, soulignant l’impact social de cette activité sur le quotidien des ménages.
Si la modernisation et l’arrivée des contenants en plastique menacent cet artisanat, les femmes de Bolou restent attachées à la poterie traditionnelle. Des initiatives locales et associatives encouragent la valorisation de cet art en organisant des formations pour les jeunes filles afin de sauvegarder ce savoir-faire.

La poterie à Bolou n’est pas simplement une activité artisanale, elle symbolise la résilience et la créativité des femmes rurales, tout en contribuant à la conservation d’un patrimoine culturel togolais qui mérite d’être protégé et promu.